L’EXCEPTION CULTURELLE française 2 par Véronique VESVAL
L’EXCEPTION CULTURELLE française donne encore aujourd’hui, un exemple brillant, vivant, présent par l’organisation du Festival du film Panafricain de Cannes. Tout (on verra pour l’avenir si l’on n’est pas dépassé par les événements) en tous les cas, en matière de festival, a été rendu possible depuis qu’il a été pensé par André Malraux (ministre des Affaires culturelles de 1959 à 1969). Le but était de voir des œuvres d’art et du 7e Art protégées de sa marchandisation, n’étant pas des denrées comme les autres, et ceci étant valable, pour tous les festivals du film, dont ceux qui se produisent à Cannes.
Le ministère des Affaires culturelles n’avait pas grand-chose à voir avec un ministère de la Culture des pays de l’Est où il s’agissait de privilégier certaines œuvres plus en conformité avec un pouvoir politique ; c’est seulement l’aspect mercantile qui était visé dans le but de protéger les créateurs. Certes, l’État prélève sur le prix du billet de cinéma de quoi financer ensuite la création française, mais qu’en est-il aujourd’hui ?
Aujourd’hui, nous reconnaissons toujours le Festival Panafricain dont c’est la 19e édition. Il se tient du 18 au 23 octobre 2023 sous la houlette de son Président à l’initiative de ce festival, Eitel Basile NGANGUE EBELLE originaire du village des pêcheurs de DOUALA (Cameroun), de culture Douala.
« Au pays Douala » dit-il « les enfants jouaient à bâtir » « les parents nous initiaient à entreprendre» quant à la religion elle se transmettait de manière ludique et « le prosélytisme en était absent ». Cette Afrique croit à l’ancestralité, à la réincarnation et ajoute-t-il » au fil du temps, j’ai accepté le plan de vie que mes ancêtres avec mon accord avaient élaboré pour moi » (citation tirée d’une interview pour BÂ BANTU, une revue Africaine). Son fils Yohan NGANGUE EBELLE est le Directeur de ce Festival du Film Panafricain de Cannes, ils nous invitent tous deux à connaître l’Afrique authentique, au travers du cinéma et de 50 films présentés devant un jury local ou international composé, mais de manière pacifique avec retenue, par conséquent, en bonne collaboration culturelle.
Se fait sentir toutefois, parfois la politique, le besoin de reconnaissance, comme dans le film du Cap-Vert par exemple, L’AFROCOLOGUE (THE AFROCOLOGIST) de Valerio LOPEZ documentaire d’une heure et 12 minutes qui vante les origines égyptiennes de la culture mondiale et dont, à l’heure actuelle, la perspective d’aller dans l’espace pour certains Africains et de participer à cette aventure humaine serait un moyen de contribuer à la préservation de la nature de notre planète qu’ils chérissent tant et de façon ancestrale puisqu’il s’agirait d’aller extraire bien ailleurs, avec toute la pollution que cela suppose, pour profiter pleinement des ressources de la terre, sans les inconvénients. La planète Mars est lointaine !
Profondément ancrés à la terre et avec comme qualité de se comporter avec humanité et respect pour la nature ; c’est ce qui transparaît de toutes les projections cinématographiques que j’ai eu la chance de regarder ; ainsi, le plus gros des arbres, un baobab de 16OO ans et l’admiration qu’il suscite correspond plus au bonheur africain comme dans le film MAMODY, LE DERNIER CREUSEUR DE BAOBAB de Cyrille CORNU de France relatant la vie à Madagascar de façon merveilleuse. Le village d’Amputeka manquait gravement d’eau et encore actuellement hors saison des pluies et ils ont trouvé l’ingénieuse idée de compléter l’eau végétale tirée du goyave ou d’autres plantes exotiques pressées, de creuser le tronc des baobabs et de constituer des réserves d’eau prélevées dans d’autres baobabs morts. Cela a fort bien marché, car l’arbre survit très bien à la cicatrice. Ce « creuseur » qui est le dernier maintenant à pratiquer cette méthode ancestrale qui est le personnage central du documentaire, laisse au repos 7 mois l’arbre et peut recommencer l’opération en s’infiltrant dans le tronc de l’arbre ou en passant des seaux d’eau comme on le fait d’un puits. Ce documentaire long-métrage a séduit le public assurément.
Cinquante films issus de 60 pays est une gageure à visionner pour le Jury du FIFP composé de 7 membres : Sonia MELLAH actrice (Il Bene Mio de Pippo MEZZAPESA, rôle de NOOR et dans SOUMAYA rôle de Mariam) et voix fameuse de la radio FIP Jury catégorie FICTION.
Samuel NJA KWA camerounais jury pour les Fictions de formation au Québec en sciences politiques, il s’intéresse au jazz, DJIGUI DIARRA acteur et réalisateur de courts métrages : Utopia en 2013 Prix France télévision, JUSTE POUR ELLE acheté par Canal Plus, AISSATOU EHEMBA – Jury catégorie DOCUMENTAIRE – écrivaine du Sénégal (de Cannes), ainsi que : la Colombienne Sonia Victoria RINCON ORTIZ Juge catégorie DOCUMENTAIRE (de Montpellier) COLOMBIE ET AFRIQUE DU SUD, Marie Anne Sorba (Nice) jury pour la Série DOCUMENTAIRE, s’intéresse à l’archéologie, l’environnement. Essais parus aux Éditions AUTREMENT. Rachid BENHADJ, Algérien, Président du Jury FICTION, il a réalisé plusieurs longs métrages primés à Cannes, Houston, Venise ou Toronto, Le Caire et Montpellier. Il expose sa peinture dans le monde entier. Théodora PENDA écrivaine née au Cameroun, jury rubrique FICTION. Enseignante.
Catégorie FICTION
J’ai posé mon regard sur: ASSAMAN le drôle de film créatif qui résonne très étrangement est celui de l’histoire d’amour de jumeaux cosmiques qui se retrouvent.
Son auteur dit que ce COURT Métrage (de recherche d’identité) » fait appel aux esprits des ancêtres ».
La Réalisatrice promet un prochain long métrage ! Contemporain et photogénique Kaléidoscope de l’amour, ce film se veut avant tout esthétique et proche des origines mexicaine et africaine de l’originale américaine KATRINA BROOKS FLORES.
OTITI de Ema Edosio DEELEN ; LONG MÉTRAGE de FICTION de 1:30 concourt pour le NIGERIA. Joli personnage jouée par la convaincante actrice qui ressemble à une Reine comme Néfertiti, mais la pauvre couturière douée, est en recherche de paternité avec un certificat de baptême à trouver au plus vite pour réussir enfin sa vie professionnelle et sentimentale, mais dans les entre-faits et un peu par hasard, une photo la mène, avec une amie de sa mère sur les traces du père. Retrouvé, mais malade et surtout aux antipodes du père idéal. Dans la réalité, c’est le cauchemar qui commence avec ses demi-frères, cette maison familiale composée d’hommes violents et sectaires dont elle va s’extirper dans la douleur puisque, avec une histoire, qui ira jusqu’au meurtre. Film fort, bien joué et abrupt. Une ode au féminisme, dans un monde de bruts et malheureusement communautariste quand la notion de famille devient un enclos malsain. Bien Vu.
Pour ma part je n’ai pas aimé OPAL d’ALAIN BIDARD (Martinique) sans doute parce que c’est une animation fondée sur des légendes, car trop long à suivre en long métrage. J’ai vu le petit documentaire TEMZU TOWN (Afrique du Sud) sur la contraception vue à l’Africaine, diffusé dans les écoles.
Le court métrage italien IL MORO en ouverture de DAPHNE DI CINTO brillait par ses costumes et son décor de décoration intérieure puisqu’il se situe dans l’Italie des Médicis. Julien de Médicis a été assassiné et il est difficile alors de trouver un successeur. Le pape Clément VII veut imposer son fils naturel qu’il a eu avec une Africaine et le pauvre jeune Maure supporte mal la situation qu’il vit, a du mal à pardonner et n’est pas accepté par la famille.
ICI S’ACHÈVE LE MONDE CONNU (GUADELOUPE) court métrage
C’est poignant cette femme qui sacrifie son enfant pour sauver sa peau à cause des colonisateurs. C’est formidable : cela se déroule en 1645, dans la forêt. C’est d’Anne Sophie NANKI.
Catégorie DOCUMENTAIRE
Là, cela devient politique et enthousiasmant car « Les grands hommes ne meurent pas, ils rejoignent simplement le monde du silence dont le monde est issu ». Proverbe de Namibie.
On parle beaucoup du film DIGGING FOR LIFE DE JOAO QUEIROGA qui relate l’histoire d’un Camerounais qui veut rejoindre l’Afrique du Sud, mais se retrouve esclave en Angola. Aura-t-il le prix ce soir du court métrage ?
BILLET DE RETOUR EN NAMIBIE de Caroline DUMAY et Stefan James CARSTENS (FRANCE/NAMIBIE) j’ai bien apprécié. On sait tout sur la récolte de l’huile de palme. Horrible poison, mais on se dispute encore ses terres de récolte entre petits producteurs et la grosse industrie d’huile de Palme … (Mon point de vue : tant pis pour les conséquences, on doit obliger les petits propriétaires à conserver leurs terres certes, mais tout autant, à planter autre chose comme avant. À éradiquer cet horrible de palme !)
Mes deux longs métrages préférés, je vous les soumets maintenant : il s’agit de deux épopées qui se suivent politiquement dans le temps. L’une relatant le parcours d’un dirigeant politique du Burkina Fasso ex : Haute-Volta, SANKARA de Yohan MALKA (FRANCE) qui en son temps, dans les années quatre-vingts a déchaîné la passion par sa fougue et l’amour désintéressé de son pays. Un vraie « légende » que ce Thomas SANKARA, Président et Africain anticapitaliste et féministe, une étoile pour des milliers de jeunes et lui aussi, jeune, ce dirigeant a osé aller défier le Président MITTERAND en France socialiste ! Le documentaire extrêmement enthousiasmant nous entraîne sur les pas de ce leader. Son charisme n’est pas un mensonge, c’est une certitude.
L’autre documentaire en long métrage qui a attiré mon attention et qui risque de gagner un prix aussi pour finir en chanson, celui de Richard MINIER ET Édouard SALIER, c’est AFRICA MIA (FRANCE).
Il relate la vie du groupe de musique du Mali qui débarque à La HAVANE, en 1964, sous Fidel CASTRO. Les documentaristes recherchent le dernier survivant du groupe fraternel de musique qui s’appelait MARAVILLAS DE MALI qui, malgré un âge avancé, adaptera la partition que lui-même réécrit. C’est ainsi qu’elle sera rejouée, par un autre groupe, reconstitué à La Havane, avec toute la joie de vivre intacte qui s’en dégagera.
Mon propos n’est pas exhaustif : d’autres films ou documentaires comme LES FILS DE LEURS MÈRES de m BULELO GROOTBOOM etc. AFRIQUE DU SUD : EXCELLENT. Dilemme en matière juridique surtout pour un ancien juriste mis en prison abusivement, mais ceci n’étant pas de l’avis de tous.
Ainsi ceux aussi, que je n’ai pas visionnés : PUNGU AVIATION de Patrick EPAPE (Cameroun) LE TRAFIC DES OSSEMENTS HUMAINS de François KANDONOU EMAKPONDEWOU qui concourait pour le Togo : À VOIR certainement.
J’ai vu également un excellent documentaire sur la Sonacotra (société nationale de la construction de logements) Il a certainement ravivé des blessures, à juste titre.
Il reste que j’ai voulu vous faire partager mon plaisir de la découverte d’un continent. Vive la Culture ! Vive le magnifique fleuve Congo ! Par exemple et vive les Africains ! Ils sont restés plus humains que nous, les autres ! Je remercie de l’accueil dont j’ai pu bénéficier à la salle MIRAMAR de Cannes et à l’année prochaine! Venez nombreux pour la vingtième session (de 2023) du FILM PANAFRICAIN DE CANNES.
LES GAGNANTS des catégories Documentaire et Fiction, longs et courts métrages, CHOISIS PAR LE JURY, SONT :
- LOVELY JACKSON de MATT WALDECK déclaré MEILLEUR LONG MÉTRAGE DOCUMENTAIRE. Il A RECU LE DIAKALO AWARDS (le récit par le prisonnier de l’erreur judiciaire dont il est victime).
- ICI S’ACHÈVE LE MONDE CONNU (GUADELOUPE) déclaré MEILLEUR COURT MÉTRAGE FICTION.
(C’est poignant cette femme qui sacrifie son enfant pour sauver sa peau à cause des colonisateurs. Cela se déroule en 1645, dans la forêt).
- MEILLEUR LONG MÉTRAGE FICTION : AYA de SIMON COULIBALY GILLARD.
- MEILLEUR COURT MÉTRAGE DOCUMENTAIRE : LES CHASSEURS DE GAZ LACRIMOGENE de LIELA IBRAHIM
À NOTER : les mentions (pas de dikalo, seulement des diplômes)
- MENTION SPÉCIALE LONG MÉTRAGE DOCUMENTAIRE : MAMODY, LE DERNIER CREUSEUR DE BAOBABS de Cyrille CORNU
- MENTION SPÉCIALE COURT MÉTRAGE DOCUMENTAIRE : DIGGING FOR LIFE de Joao QUIROGA
Le Jury a choisi des films durs pour ne pas dire lugubres avec pour thème l’injustice le festival dans son ensemble n’avait pas l’obligation d’un thème général avéré) qu’elle soit erreur judiciaire des tribunaux ou humaine (je préférais LES FILS DE LEURS MÈRES DE M BULELO GROOTBOOM ! qui pose le problème) injuste, mais tellement vraie !
- Véronique VESVAL Cannes
ISSN 2564-1689 Réseau HEM