HAITI – L’Oeil de lynx de Lavalasse
Si l’Armée d’Haïti avait préparé le coup d’état du 30 septembre 1991 la commande était placée ailleurs disait-on à l’époque. Le seul élément lucide du gouvernement de l’époque reste et demeure encore aujourd’hui le bras droit du premier ministre de l’époque René G. Préval, en l’occurrence Patrick Élie. Nous avons de bonnes raisons de croire qu’il avait été informé, ses avertissements invoquaient des faits. Si le premier ministre Préval était encore sceptique le matin même du putsch, cela a failli lui coûter la vie. Patrick Élie, numéro deux du ministère de l’intérieur avait déjà fait échouer plusieurs complots. Sa vigilance était déconcertante, maladive même disaient certains de ses proches. Notre contact de l’époque, un de ses proches collaborateurs au ministère se disait impressionné par ce travailleur infatigable qui se risquait même à défendre personnellement des victimes d’abus. Selon un cousin de Patrick Élie qui vit à St. Bruno au Québec, ce docteur en Biochimie avait un quotient intellectuel qui dépassait la moyenne de son entourage. Pendant la période du coup d’état, il était celui par qui passait les ordres de recrutement pour ceux qui devaient s’entraîner à Guantanamo Cuba. L’artiste Michel Joseph, un militant haïtien qui voulait partir de Toronto pour rejoindre le groupe de Guantanamo lui reprochait sa méfiance excessive. Cela avait constitué un handicap au recrutement de ceux qui se portaient volontaires. Des difficultés majeures s’annonçaient à l’horizon.
De retour sur le terrain en 1994, il se remettait à l’oeuvre. Les frictions étaient très fréquentes, Patrick Élie gênait encore plus qu’avant. La … était dans son propre camp, il fallait donc passer un coup un sérieux coup de balai. Des informations sur son état de santé commençaient alors à circuler. Quelqu’un voulait discréditer Patrick Élie. Il était disait-il, pour dévoiler au grand jour les manigances de l’ambassadeur Casimir à Washington. D’importantes sommes d’argents avaient disparu et personne ne pouvait le justifier. D’après une entrevue accordée par Patrick Élie, le ministre des affaires étrangères de l’époque, monsieur Fritz Longchamp ne pouvait non plus montrer patte blanche. Avant son entrée aux USA par la frontière canadienne, il avait été averti des risques encourus. Il a été arrêté et détenu sous plusieurs chefs d’accusation dont certains en rapport avec la personne de l’ambassadeur Casimir.
Cependant, le cartel haïtien n’était pas le seul obstacle à franchir pour cet homme qui ne semblait avoir peur de rien. Le nouvel ambassadeur des USA, monsieur Swing constituait aussi un obstacle pour lui. Patrick Élie le qualifiait de spécialiste de coup d’état et disait qu’il avait œuvré au Liberia auprès du Sergent Samuel K. Do qui avait usurpé le pouvoir pour détruire le pays. Sa présence en Haïti était pour lui, un signe peu rassurant. Le coup fatal pour la démocratie était imminent disait-il. C’est de sa cellule qu’il nous a fourni plusieurs indices nous permettant d’orienter des recherches. Il était en contact avec plusieurs autres journalistes aussi dont le plus connu, Marc Evans Absalon à Montréal. Le présumés projets tant redoutés du clan Casimir étaient devenus un secret de polichinelle, Il dénonçait aussi des éléments clé de la clientèle duvaliériste à Montréal.
Si Patrick Élie avait été accusé sous plusieurs chefs d’accusation, l’un d’entre eux poussait à croire à un réel complot contre sa personne. Il avait été accusé de violation de domicile tandis que l’adresse de l’appartement concerné était enregistré en son nom sur les registres téléphoniques officiels de l’époque. S’il se plaignait d’être sans raison, cloué souvent au trou dans sa prison, ses conversations téléphoniques faisaient réellement l’objet de surveillance. Un appel provenant des USA suivait toujours le sien. Ce qui par contre nous avait inquiété, c’était un appel téléphonique qui nous attendait à l’adresse et à l’heure où Patrick Élie nous avait donné rendez-vous. Nos recherches, plusieurs consultations et d’autres entrevues nous menaient vers la même conclusion. Patrick Élie, selon nos sources et cela il ne l’a jamais nié, aurait infiltré un service de la CIA dans le but de se renseigner sur la nature des ennemis d’Haïti. C’est de là qu’il tirait toutes ses informations sur l’identité de ceux qui complotait contre le régime lavalasse. Il aurait initié un service de contre-espionnage au sein du gouvernement lavalasse. Le plan fonctionnait mais Il se serait fait prendre au piège. Une erreur stratégique du président Aristide qui quittait le pourvoir à l’époque le fit envoyer en prison. Il aurait eu en sa possession un document secret, un ballon dans un autre langage, de provenance américaine, qui contenait des informations très compromettantes pour le clan Casimir. Monsieur Aristide aurait succombé à la tentation, ignorant les recommandations, alla confronter ainsi les accusés avec le document à l’appui. Cette erreur stratégique coûta très cher à Patrick Élie qui encore selon nos sources, avait tout pour développer un brillant avenir dans le cadre de sa profession ici même au Canada.
Celui qui était considéré comme l’œil de lynx du pouvoir Lavalasse avait été mis hors d’état de nuire. Il était retenu en prison disait-on pour sa sécurité personnelle. Il constituait un danger pour lui-même. S’il a finalement été libéré, l’oncle Sam a réussi à semer le doute sur l’état de sa santé mentale. Il n’a jamais été réinvesti du pouvoir comme dans le temps. Sa lutte a changé de forme et dernièrement, il a été invité à Télé Québec pour discuter de la situation d’Haïti alors qu’il était de passage à Montréal pour les funérailles de l’ambassadeur Bernardin. Il a reconnu que Aristide faisait parti du problème comme de la solution. Pour la deuxième fois Patrick Élie désavouait malgré les apparences, le président Aristide. Ses déclarations trouvaient aussi échos chez le professeur Frantz Voltaire invité à la même tribune. Ce dernier avouait aussi sa déception face aux irrégularités électorales malgré l’assurance de la victoire. Que serait-il advenu s’ils devraient perdre ? ajoutait-il.
Le pouvoir Lavalasse traverse aujourd’hui une crise sans précédant. René Préval est loin de représenter une alternative pour la relève. Patrick Élie représente-t-il un réveil, la cassure ou la continuité. Il disait à l’époque de son incarcération que le régime lavalasse devrait retourner à sa forme première dans le but d’éviter le décadence. Jean Bertrand Aristide le grand patron est passé depuis de contestataire à contesté. Aujourd’hui, on a l’impression que Patrick Élie, l’œil de Lynx de Lavalasse est de guerre lasse. Possède-t-il encore les capacités et la crédibilité nécessaire pour regagner ce que Lavalasse semble avoir perdu à jamais: le contrôle? Si Patrick Élie peut réussir ce qui sans aucun doute, réclame plus qu’un miracle, aussi dirait-on un jour de lui, qu’il était un génie! (13 déc 02)
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