Haïti: Ombre et lumière par Etzer Bredy

Haïti: Ombre et lumière par Etzer Bredy

Bonjour lecteurs d’ici et d’ailleurs. Une nouvelle revue économique haïtienne est née. Son objectif…? Démontrer la beauté du patrimoine haïtien et vanter les richesses du pays. Lisez cette revue et vous découvrirez les secrets de cette île aux mille mystères. Celle qui était la perle des Antilles est depuis, aux yeux de tous ceux qui la regardent comme un laboratoire où se côtoient toutes les misères mêmes les plus innommables.

Triste! Mais on ne peut soutenir le contraire, la misère se vit et se voit sur le visage des pauvres. L’Haïti social et économique stigmatise. Jamais, cette misère n’a été si présente. Avec arrogance, elle étend chaque jour ses tentacules un peu partout à travers le pays. C’est la part d’ombres ou l’avers de la médaille. Mais la lumière luit-elle aussi? Sûrement, c’est une simple loi de la nature: à tout avers, correspond nécessairement, un envers.

La revue voudra montrer cette lumière et pour y arriver, s’intéressera tous azimuts à la culture et à l’économie. Les seules vraies préoccupations du moment !

Ni juge ni chasse aux sorcières, la revue laisse cette responsabilité énorme à d’autres plus compétents. Elle se contentera de braquer ses projecteurs pour sortir de l’ombre les principaux acteurs de la vie culturelle et économique du pays, parmi un peuple meurtri, fier, artiste et travailleur. Belle perspective!

De ce peuple meurtri, on voit fleurir tout un patère d’artistes: poètes, chansonniers, peintres, dramaturge, romanciers, conteurs… qui, malgré les tourmentes politiques et la misère, voient à ce que la culture haïtienne vive et brille de tous ses feux.

Les artistes font de la culture une véritable passion. Sacerdoce, la culture les consume, les déchire et les habite. Ils sont animés d’une foi inébranlable et d’un feu sacré. Phares, ils se donnent pour tâche de repousser les ténèbres de nos malheurs, comme le soleil en se levant, chaque matin, repousse l’obscurité.

À la laideur criante des choses de là-bas, ils proposent la beauté. À la tristesse qui nous habite, ils chantent la joie. À la tragédie d’un peuple qui veut vivre dont l’existence est empoisonnée par les difficultés économiques et politiques, enfin les artistes avec les aquarelles de leur cœur peignent la vie comme elle devrait être.

Ils sont les véritables porte-drapeaux et les chantres d’une culture riche en tradition.

La revue veut – réussira-t-elle? – que les œuvres de ces artistes relatant la fierté et l’histoire d’un pays, soient visitées, lues, entendues, appréciées et goûtées par les Haïtiens et les étrangers.

Au fil des numéros, la preuve vous sera donnée de toute la vitalité de la culture haïtienne et vous recouvrirez toutes les possibilités d’investissements économiques du pays. Qu’Haïti ait à surmonter des difficultés où plus rien, même la vie ne semble être épargné, doit-on conclure qu’il ne peut plus nourrir de grandes ambitions et étonner économiquement? Attention, Haïti sait absorber les chocs; le pays n’est pas mort et ne peut mourir; une simple évidence: Haïti était en décadence.

Une lutte dont la revue voudra en faire de ses lecteurs potentiels, les grands témoins. Dans cette perspective, elle leur parlera de monuments et leur fera un éventaire des richesses naturelles du pays. Puis, la revue les emmènera sur des belles plages et leur proposera une visite guidée des sites historiques et touristiques d’Haïti.

Plein feu, enfin, sur les belles choses haïtiennes!

P.10/essai I 1997, VOL I No.I Haïti Économique Magazine