Bref survol du Plateau Central (1er partie)  par Smith Métellus

Haïti Économique Magazine

  • LE PLATEAU CENTRAL FACE À SON DESTIN
  • Bref survol du Plateau Central (1er partie)  par Smith Métellus
  • essai 1.1997, VOL. 1, NO 1

Le Plateau Central est une vaste région, dotée d’une superficie totale de 5 390km2 incluant également le barrage hydroélectrique de Péligre, qui est situé dans le bassin de l’Artibonite. Il représente environ 20% du territoire de la République d’Haïti, qui comme elle a hérité des structures coloniales, ce qui retarde son développement socio-économique, malgré son potentiel de richesse en ressources naturelles qui demeurent jusqu’à aujourd’hui peu exploitées. Le plateau est limité dans sa partie septentrionale par le massif du Nord, à l’ouest par la chaîne des Montagnes noires, au sud par la chaîne du Trou d’Eau et à l’est par la frontière haïtiano-dominicaine. On lui attribue une altitude moyenne s’étendant entre 200 et 500 mètres au-dessus du niveau de la mer. Comparativement à la population totale du pays qui est de 7 180 294 habitants (recensement de 1995), c’est une zone peu peuplée qui représente seulement 11% de celle-ci. Sa population globale est de 550 000 habitants, avec une densité moyenne de 103 habitants au km2.

Sa population rurale est de 503 000 habitants, soit environ 91% de la population de la région. La population agricole est évaluée à environ 465 000 habitants. Contrairement aux autres contrées de la république d’Haïti, le Plateau Central est la seule région à ne pas connaître historiquement un passé colonial français. Dès le XVIe siècle, on y retrouvait une présence espagnole. En 1502, sa principale ville (Hinche) était déjà un ancien territoire espagnol de l’île. Elle est située dans une vallée qui portait le nom indien «la Guaba» ou «la Gohave ou Goâve». Endroit très favorable à l’élevage, la vallée de la Goâve était devenue dès l’année 1700 un centre important dans ce domaine. C’est ce qui explique probablement que jusqu’à une époque récente, le Plateau Central était réputé pour la région d’Haïti la plus prospère en matière d’élevage.

Le déclin de cette activité qui constituait une source de richesse pour les habitants du département du centre a commencé aux environs de 1961 quand le gouvernement a été décidé la prohibition de l’élevage libre dans le pays. Les animaux étaient désormais entretenus à l’intérieur des clôtures aménagées spécialement à cette fin, c’est à dire des fermes d’élevage; ou encore ils étaient demeurés constamment attacher avec des cordes. Dès lors, l’expression «élevage à la corde» – devenue à la mode – avait pris naissance dans le Plateau Central. Cette mesure disait-on, visait à protéger les plantations contre les troupeaux d’animaux disséminés partout dans les campagnes.

Dès lors, la pratique de pratique de l’élevage devint plus difficile qu’auparavant. Dans les années 80, cette activité a connu une nette régression suite à l’abattement systématique de toute la population porcine du pays qu’on disait atteinte de la peste porcine africaine. Plusieurs auteurs ont mis l’accent sur le Plateau Central en tant que zone du pays où l’élevage était considéré par certains comme une entreprise très rentable. Pour d’autres qui ne possédaient pas de terre, c’était l’unique moyen de subsistance. Fred Doura dans l’ouvrage intitulé «Haïti ——- Plateau Central…» a repris de cette manière les paroles de Roger Gaillard :

[<<La fameuse herbe Madame Michel poussait partout et fournissait un fourrage abondant. Ainsi, la propriété donnant accès à la classe aisée, n’était pas celle du sol, mais essentiellement celle du bétail. Les maîtres de cheptels nombreux constituaient donc la bourgeoisie rurale>>!]

L’intégration du ‘’Plateau’’ à Haïti remonte à l’indépendance en 1804. Les villes telles que Banica et Hinche furent respectivement fondées en 1644 et 1704 en vue de faire obstacle à toute influence française dans la région centrale de l’île qui deviendra définitivement haïtienne en 1844, après avoir été reprise aux dominicains qui s’en étaient accaparés au moment de leur lutte d’indépendance.

L’économie du Plateau Central est essentiellement agricole. Plus de 90% de la population active s’adonne à l’agriculture. Les principales cultures commerciales sont le café, le coton (en voie de disparition), la canne à sucre, le cacao, le sisal. Mais les cultivateurs pratiquent aussi – pour la consommation et le commerce – les cultures vivrières telles que le maïs, le millet, le riz, les pois, les bananes (plantain et figue-banane), la patate douce, le manioc (yucca), etc. Les arbres fruitiers y foisonnent.

La situation socio-économique de la région, malgré ses richesses, n’est pas en santé. Il y a certes de grandes possibilités de développement qui n’ont jamais été exploitées. Selon un rapport d’experts américains datant de 1916, de grands gisements de pétroles auraient été détectés aux environs de Thomonde, Belladère et Mirebalais. Une participation active de tous les acteurs de la société ferait de cette zone, une réserve inépuisable pour le pays. Le Plateau Central est baigné par de nombreuses rivières et fleuve qu’on retrouve dans les bas et haut Plateaux. Les plus remarquables sont le fleuve Artibonite, les rivières du Fer à cheval, de Boucan Carré, de Guayamouc, de Canot, Samana, Hinquitte, Rio Frio, Thomonde, Onde Verte, Bassin Zim, Bouyaha, etc.

[Selon un rapport d’experts américains datant de 1916, de grands gisements de pétroles auraient été détectés aux environs de Thomonde, Belladère et Mirebalais. 42]

Un tel réseau hydrologique offre la possibilité d’alimenter le département du centre en énergie hydroélectrique, d’augmenter la capacité de la production agricole par le biais de l’irrigation. Cependant, la nécessité d’une bonne infrastructure routière (prolongation de la nationale #3) et l’implantation de centres d’éducation et d’études supérieurs et technologiques demeurent des priorités pour une jeunesse intelligente et prometteuse qui doit se déplacer vers l’extérieur dans le but de s’instruire. Le développement socio-économique retiendrait des ressources humaines valables pour la zone. Les moyens de transport et de communication, les techniques de développement agricole faciliteraient la promotion du commerce (qui constitue une activité rentable à court terme). Actuellement, il existe des institutions privées d’enseignement secondaire et des lycées au niveau de presque toutes les villes de la région. Il est tout à fait impérieux de poursuivre le processus d’implantation d’écoles primaires et secondaires dans les endroits qui en sont encore dépourvus.

Bibliographie :

  1. Haïti en chiffres de l’Institut de statistiques et d’informatique
  2. Haïti —— Plateau Central de Fred Doura
  3. Hinche mise en croix de Roger gaillard
  4. Manual de historia dominicana, de Moya Pons (Franck)
  5. Dictionnaire géographique et administratif universel d’Haïti illustré ou guide général en Haïti de Sémexant (Rouzier)

archives de Haiti Économique Magazine, P.41,42, 43. édition essai 1.1997, VOL.1, NO 1,  l’ancêtre de Réseau HEM International, qui était hébergé au 6083 Avenue du Parc, Bureau 369, à Montréal