LA COVID OU LA FIN DE L’ÉGLISE ? par Jean Willer Marius

LA COVID OU LA FIN DE L’ÉGLISE ? par Jean Willer Marius

Ce pratiquant avisé qui se complait depuis trop longtemps déjà dans l’erreur de confondre Dieu et l’église se verra sans doute offusquer rien qu’à la lecture de ce titre. Aussi, le parolier préfère-t-il s’adresser à cet individu qui, quoique lucide, priorise une approche partisane des saintes Écritures.

L’église est née d’un besoin de communion, de partage de tout, où l’on prenait tous les risques, même celui de boire tous à la même coupe. L’église est ce lieu de recueillement et de ressourcement où, après les turpitudes de la semaine, les adhérents se rencontrent pour parler de leur foi, se laver mutuellement les pieds et manger ensemble, se raconter leurs expériences et se donner courage réciproquement pour affronter les nouveaux défis qui ne manqueront pas de se dresser tant que dure le voyage du pèlerin.

Jadis représentée sous le symbole d’un cheval blanc chevauché par un cavalier brandissant un arc sans flèche, cette église pure et sans tâche ne comptait que sur Dieu pour gagner ses batailles et les sabbats devenaient des moments de délices au goût d’éternité. Chemin faisant, le commercialisme a remplacé la foi et l’église est devenue un comptoir où tout se vend. La piété devenant source de gain. Certains prélats avisés utilisent leur foi pour se construire des maisons et se payer des voyages interminables alors que d’autres ont seulement la foi du payeur, sans rien espérer en retour sinon que la vie éternelle promise par Jésus prônée par des ministres servant un maitre blanc et qui ne croient même pas en leur prédication.

Récemment la covid s’est invitée dans la vie intime de l’église, terrassant plus d’un et mettant à nue les véritables intentions des mercenaires qui ne jurent que par la dime et les offrandes au point de continuer à les réclamer même en période de disette généralisée. Pour combattre la pandémie, les États païens du grand monde établissent toute une panoplie de règles à suivre en vue du salut du plus grand nombre.

Une église qui doit pratiquer la distanciation sociale a perdu sa raison d’être. Cessez de prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, une église où les frères ne peuvent plus se saluer par un saint baiser a perdu son essence même, une église qui réclame une preuve de vaccination pour ouvrir les portes de la grâce doit fermer ses portes sans délai et cesser de dépouiller les membres pour payer des bâtisses hors de prix enrichissant les caisses séculières. Apportez les dimes et les offrandes pour qu’il y ait de la nourriture dans ma maison, a dit le Seigneur. Pour que plus personne n’ait faim en fréquentant ces lieux.

La covid est à ce point de vue prophétique, car Jésus n’a jamais habité les cathédrales. Il prônait plutôt une foi simple et sans apparat, une approche d’homme à homme pour parler des choses de la vie éternelle et répandre la bonne nouvelle jusqu’aux confins du monde habité. Ce conquérant pacifique savait cheminer par monts et par mers pour rencontrer les gens et les gagner à la seule cause qui demeurera jusqu’à la fin des temps, ce temps qu’on appréhende où tous les habitants de tous les mondes habités se rencontreront sans nationalités ni couleurs de peau pour ne plus se quitter, et établir la dernière superpuissance mondiale.

L’église est cette communauté de frères qui se connaissent, qui se partagent vêtements et nourriture, qui festoient sans dépenser et qui attendent le retour de Jésus. Ces assemblées de coquins suivies par ces imbéciles modernes peuvent être tout, sauf la véritable église de Jésus-Christ. Il est bien plus facile d’être un héros que d’être un saint, car personne pour vous applaudir ou vous approuver, personne pour raconter vos exploits. Omicron accusera-t-il donc les antivaccins d’avoir manqué de jugeote ?

La covid aura donc fait du bien à l’église si elle amène les croyants à se réunir en petits groupes sous un arbre en pleine nature, dans un terrain vide ou dans le sous-sol d’un volontaire pour réchauffer leur foi et gagner des adeptes au Christ. Il n’est pas vrai que pour être chrétien, on doit se réunir entre compétiteurs.

La foi qui sauve est celle qui rencontre sur la route, le malheureux que les bandits du système ont dépouillé, qui dépasse ses préjugés, panse ses blessures et paie ses factures. C’est aussi cet ami, ce frère qui se déplace pour discuter d’un cas urgent et des moyens pour y remédier. La foi qui sauve, est cette foi qui donne, qui se donne, sans rien espérer en retour. Puisse le Seigneur nous faire don d’une telle foi !


ISSN 2564-1689 Réseau HEM