SUR LA ROUTE DU CINÉMA NOLLYWOOD FERA LA DIFFÉRENCE

par rédaction Nollywood n’est pas Hollywood, c’est la profonde conviction qui se dégage du milieu cinématographique nigérian. Editeur du magazine Africalink installé à Zurich, Johnson Oduwaiye est Nigérien et convaincu. Il reconnait les emprunts et, les premiers pas dans le sillon bollywoodien. Le Nigeria est une source d’inspiration de plus de 152 M d’habitants. Traduit en consommateurs, cet avantage numérique sera un atout précieux pour ce pays le plus peuplé d’Afrique. Les Indes constituent un modèle pour lui, qui trace le chemin de l’indépendance culturelle et économique. Et, le mot pétrole sonne différemment au Nigéria, il signifie désormais : persuasion, négociation, maîtrise, pouvoir d’achat. Bollywood aussi.

Il y a peu de temps de cela, on aurait cité le Nigéria en dehors du Commonwealth, l’intérêt ne serait autre que les médias définissant la violence. Nigéria, l’Afrique comme continent : qui en voudrait si ce n’était de profiter des richesses sans aucune conscience et de mépriser les besoins primaires de ceux qui produisent des richesses. Le pétrole, leur misère fossile, nous empêchait à tous de prendre conscience des grandes ambitions de ce peuple et de ses capacités. Il voyait du cinéma, un outil pour s’en sortir. Ce que nous ignorions donc de ce fait, il y a peut-être une trentaine d’année, c’est que le Nigeria renfermait tellement de ressources et d’espoirs que sa volonté pouvait vaincre. Et du cinéma, ils ont fait Nollywood. L’UNESCO se voit obligée d’en parler aujourd’hui, Arte Tv aussi.

Michael Effiong, éditeur d’Ovation Magazine http://www.ovationinternational.com/magazine.html parle de booming nigérian, bien qu’Hollywood se soit érigé sur les Western et sur plus d’une vertu de ce médium de communication tellement puissant. Tellement pédagogique, pédagogique aussi pour Nollywood. La richesse des studios hollywoodiens dont ce fabuleux boulevard qui sert de présentoir à tant de noms de célébrité, semblait avoir lancé un si grand défi à Nollywood, que le projet nigérien serait mort dans l’œuf. C’est assurément la pensée de gens comme nous, épatés et convaincus de la puissance génératrice de cette fameuse cité cinématographique, ignorant l’Afrique. Sauf que, Nollywood, c’est une toute autre réalité. Laquelle ? Uwen Jacob, acteur, fait comprendre que le Nigéria n’est pas un look frivole dans un prince à NY chaque 10 ans. Stephanie Okereke, née à Lagos en 1982, elle est actrice, modèle, director, possède un degré en anglais et en études littéraires, elle symbolise l’espoir de ce perfectionnisme. Très impliquée artistiquement, Throught the glass – comedy/drama – lui offrirait bien des crédits. http://www.stephanieokereke.net/. Le Nigéria enseigne aussi au cousin béninois, comment apprendre à garder son identité dans l’originalité, même dans la francophonie. Le nouveau consommateur sud-africain est de la liste des convoités. Nollywood s’en chargerait avec succès si l’on part d’un constat révélateur : Arte Tv, TV5 Canada, Rfi, I-List CNN, tous s’intéressent de plus en plus de ce booming décrit dans Ovation Magazine.

Johnson Oduwaiye explique que son pays va dépasser les premiers besoins du cinéma et de la musique indienne. Il a investi le pavé sur la route du cinéma, pour rentrer sur les grands axes, en termes de création, de créativité locale et internationale. Si les producteurs ont commencé par ce qu’il appelle le ‘’Drama’’ et les affaires religieuses, avant de rentrer dans le vidéo amateur basé sur l’oralité et sur l’improvisation, il y a une identité propre aujourd’hui. C’était un besoin qu’il imagine présent dans le mental de plus d’un peuple, mais l’arrivée du numérique a favorisé la concrétisation de ce rêve nigérien. Et, la suite est une histoire en devenir. Assise sur un puissant facteur : l’identité assumée. Le héros, l’acteur, le personnage, le costume, les artifices, la gestuelle, l’éclairage, le modèle, les préjugés cassés. Le scénario : un père blanc, au foyer, une mère noire, au travail. L’impensable. Une autre psychanalyse pour Woody Allen le Yankee. Sans le cowboy et son cheval pour abattre le gringo. Sans les fameux noms italiens, Giuliano Gemma, Sergio Leone, Franco Nero. Tout un accessoire qui produit en lui-même un cinéma. La passion hollywoodienne a certainement aveuglé mais Nollywood devait prendre place et forger ses propres boulevards. Le numérique aidant, il devait casser et renverser toutes les barrières. Tout cinéaste devra apprendre désormais comment coiffer à l’africaine, l’éclairagiste aussi. Finis le brushing d’un coup de brosse, il faut de l’art pour le faire et, connaitre cet art pour l’éclairer, le timer. Enseigner une autre histoire de la coiffure. Une industrie qui se dessine à travers une réalité qui offre l’originalité cachée mais préserve en dessous du maquillage, un acte sociologique et démontre la capacité à s’adapter, à produire selon le besoin. Des ajustements tout en restant Nigérian. La population locale au Nigéria s’est inspirée d’un grand mais elle s’est avérée aussi intelligente, pour ne pas reproduire en duplicata mais en originalité.

Le Nigérian est aussi Mama Cass de la chaîne de restaurants franchisés qui porte son nom http://www.mamacassng.com/, et sur Facebook. C’est ce qu’Arte Tv tente de percer comme dans : l’Afrique l’ambition chinoise. Un Nigéria qui ne se veut aucunement tributaire de l’Occident. L’économie à la base de tout développement. C’est aussi ça l’esprit Nollywood. Le cinéaste nigérien est devenu, d’une production basée sur l’oralité et des besoins primaires, un adepte de l’apprentissage et de la formation sur mesure et continue. Conscient de la faisabilité de sa démarche, culturelle, riche en relief, il se structure pour un marché international et mondialisé. Le nom existe désormais : NOLLYWOOD.

L’an dernier, l’UNESCO a défini BOLLYWOOD ET NOLYWOOD comme deux axes incontournables du patrimoine et du cinéma comme moyen de culture. Cette reconnaissance a renforcé les convictions et les résultats ne tarderont pas à venir, à être visibles sur la route du cinéma. On imagine facilement ces Nigérians, débarquant ici dans un avenir rapproché. Un vestimentaire multicolore, en colonies, occupant les tapis rouges du FFM avant de rivaliser à Cannes, à Venise. En fait, nous aider à mieux comprendre certaines fantaisies du cinéma afro-américain.

Si l’on devait transposer les besoins du cinéma canadien au Nigéria, la prodigieuse école technique montréalaise se servirait de ce creuset en ébullition au point d’y prendre racine là-bas. Johnson Oduwaiye, si sûr de lui, nous appelle pour nous conseiller, le lendemain de son départ, sur un documentaire diffusé par I-List/CNN. Même l’Amérique s’y intéresse désormais.


Cet article a été publié sous la rubrique Cinéma/17-10-2010, le lien de l’original conduit aux archives de Réseau HEM International http://reseauhem-archives.xyz/cine_nollywood_fera_la_difference.htm#Nollywood